▹ 2032 - gymnase | event commun, l'ouragan

12 ans. Putain. 12 longues années que tu es parti.

J'ai l'estomac qui se tord depuis des jours, rien qu'à l'idée de penser à cette date "anniversaire". Et quand je vois la météo, on pourrait croire que le tout-puissant est tout aussi triste et énervé que je le suis. Le ciel est noir et le vent souffle comme rarement j'ai pu le voir à Siloam Springs. Les rues sont désertes et le bruit de l'orage qui gronde au loin vient ajouter un aspect fin du monde à cette date déjà terrible. J'ai besoin de marcher, seul et cette situation n'est finalement pas pour me déplaire. La pluie se transforme en grêle et me fouette le visage à pleine puissance. Peu importe. Je ne suis plus qu'à une centaine de mètres du cimetière. Pour rien au monde, je ne manquerai notre rendez-vous... Je te l'ai promis.

J'arrive devant, le portail est fermé. Je secoue le verrou frénétiquement dans l'espoir qu'il cède. Je regarde à travers les barreaux le chemin qui mène à ta pierre tombale et hurle de rage. Pas aujourd'hui. Putain. Pas aujourd'hui. Je ne sais pas si c'est la colère de cet anniversaire qui me parait chaque année un peu plus ridicule que l'année précédente ou la tristesse de ne plus t'avoir dans ma vie, mais mon poing droit vient se fracasser sur le mur de pierre face à moi. Je hurle une seconde fois et mon poing vient se briser une nouvelle fois sur le béton. Un râle sourd sort de ma douche. Je regarde ma main tremblante en sang, je sais que je viens de merder. D'habitude, c'était toi qui merdais et moi qui réparais alors je lève les yeux au ciel et souris bêtement. Tu es là. Un torrent de larmes se mêle à la grêle qui bat de plus belles. Un éclair m'annonce que la tempête se rapproche bien plus vite que je le pensais et qu'il est sans doute temps pour moi de faire demi-tour.

L'orage se rapproche, les éclairs se succèdent et je réalise que je vais devoir me trouver un abri. Les arbres se penchent dangereusement et certaines branches ont déjà cédé à la puissance de la tempête Sara. Merde. Une voiture s'arrête, me faisant des appels de phares. J'y vais ou pas ? La foudre éclate, un arbre tombe au loin et me décide alors très vite. Je monte à l'arrière et observe la femme qui se tient à côté de l'homme qui vient de m'ouvrir, elle aussi grelottante. Visiblement, je ne suis pas le seul à avoir minimisé les infos du Siloam News. Le conducteur se présente alors que sa femme me sourit timidement. " Merci vraiment de vous être arrêté tous les deux ! Sam... Enchanté ! " Je regarde par la fenêtre, les éléments se déchaînent sous nos yeux et quelques centaines de mètres plus loin, la voiture s'arrête. Nous ne sommes visiblement pas les seuls, à voir le nombre de voitures garé un peu partout. On court en direction du gymnase, qui est déjà noir de monde. J'observe mon chauffeur. Plutôt svelte, une dizaine d'années de moins que moi et un large sourire qui se veut rassurant. " Merci encore hein ! Si je peux faire quoi que ce soit pour vous remercier, ce sera avec plaisir ! "