Mai 2020 JJ - Résidence des Anderson | Nathaniel & Jaylinn - Best day of your life

Je rentrais chez mes parents en faisant le moins de bruit possible. La nuit avait été très courte voire trop courte. Mais tout s’était bien passé avec Maximillien. C’était un bon coup aussi mais pas autant que Nate. J’avais d’ailleurs réussi à l’oublier l’espace de quelques heures, à mon plus grand bonheur. Avant de m’endormir dans les bras de Max, j’avais veillé à mettre mon réveil sur 5h30. Je ne pouvais pas arriver en retard pour la préparation de ma soeur. J’avais pris le bus pour venir. A cette heure-ci, ils roulaient. Max dormait encore comme un bébé à mon départ mais je l’avais prévenu la veille. Il savait que ma soeur se mariait aujourd’hui. Et vu le comportement de Nate la veille, il ne pourrait pas l’oublier. En remontant dans ma chambre, j’avais croisé Nate du regard. Je ne lui avais pas adressé la parole. Il avait été trop loin la veille. Beaucoup trop loin. Je ne pouvais pas accepter cela. Qu’il dise oui à ma soeur pour que je puisse partir. J’étais alors entrée dans ma chambre. Il fallait que je prenne une bonne douche pour remettre mes idées en place. Il n’était pas encore temps de m’habiller pour tout à l’heure. D’ailleurs, je n’étais pas d’humeur à mettre une robe que j’avais choisie avec Nate. Je piocherai dans ce que j’avais pris au hasard de ma garde robe. Ce serait plus simple. J’étais dans la douche. Je pleurais. C’était donc ça ma vie? Passer à côté de mon âme soeur parce qu’il va se marier avec ma soeur? Et si j’étais restée ici plutôt que de partir faire ma vie? Je l’aurai peut-être rencontré. Mais je n’aurai pas connu Liam. Je m’en voulais donc de penser cela. Je sortais de la douche et frottais mes yeux avec mon essuie. Ils étaient rouges. N’importe qui pourrait comprendre ce qu’il venait de se passer. Sinon, il serait aveugle. J’étais complètement nue parce que je pensais être seule. J’avais une suite. Le luxe quoi. J’allais me chercher des sous-vêtements et quelque chose à porter pour descendre prendre le petit déjeuner. Mon essuie entourait mes cheveux mouillés. Je passais la porte de la salle de bain et tombais nez à nez avec Nate. Il était assis sur mon lit pas défait et s’excusait. J’attrapais rapidement un bout de tissus qui trainait pour le mettre autour de moi. Il allait dire oui à ma soeur dans quelques heures. Je ne devais même plus être une option. Autant garder une certaine distance et intimité, non? « Euh, attend quelques secondes, Nathaniel. ». J’enroulais l’essuie de mes cheveux autour de mon corps. Le principal était caché. J’étais maintenant apte à l’écouter. « Et moi, je dois réagir comment quand je te vois avec June? Quand vous vous collez tous les deux sous mon nez? J’ai vécu cela tout l’après-midi et la soirée d’hier. ». Ca avait été dur. Très dur. « Nous sommes au jour J. Tu ne m’as rien dit et tout se prépare. Ton choix est donc fait. Tu me verras encore l’embrasser. ». Pour moi, il n’y avait plus aucune autre solution possible. C’est pour ça que j’avais craqué dans ma douche, que j’avais pleuré au seul endroit où je pensais que personne ne pourrait le voir. C’était sans m’attendre sur Nate qui serait sur mon lit. Que pouvais-je dire de plus? J’allais devoir me faire une raison. Ce n’était pas moi. J’allais retrouver ma petite vie à quatre heures de train d’ici rapidement. Est-ce que je devais encore assister au mariage? Au moins jusqu’au « oui », je pense. L’entendre me mettrait face à la réalité. Je ne pourrais pas avoir de regrets. Je me promis alors de rester jusqu’à ce moment précis, après, je partirai. Je ne pouvais pas faire plus. « Je ne l’ai pas mise, elle me faisait penser à toi. ». Je l’avais achetée avec lui pour le provoquer. Je ne pouvais pas la porter avec un autre. J’étais assez sentimentale. « Disons que non. Mais j’ai essayé de sauver les meubles après quand nous n’étions que tous les deux. ». Vous avez déjà vécu cette situation? Être folle amoureuse d’un homme qui vous fait du mal. Vous en parlez à une autre personne qui dit du mal de cet homme? Et bien moi, je ne le supporte pas. Si je l’ai choisi, c’est qu’il en vaut la peine. J’avais vécu exactement cela la nuit avec Max. Nous avions couché ensemble, plusieurs fois. Ce n’était même pas négociable mais nous avions aussi énormément discuter. Max avait de la conversation et avait fait attention à ce que je ressentais. C’était un homme bien. « Merci! ». Je tendais la main pour attraper la tasse qu’il m’avait montée. Avait-il fait exactement le même café que celui que j’avais demandé la veille au matin avec lui? Un café allait me faire le plus grand bien vu que je devais avoir dormi une heure voire maximum deux. J’étais quand même en pleine forme. Merci l’hôpital et le rythme de vie qui m’a été imposé! J’étais capable de tenir 48 heures sans dormir. Mais pas plus! Là, j’avais quand même pu dormir un peu. Ca allait le faire. Au pire, je dormirai dans le train qui me ramènera à la maison tout à l’heure. « Me semblait bien que je n’étais pas une carotte. ». J’avais ri doucement pour détendre l’atmosphère mais je lui en voulais toujours autant! « Tu as dormi où, Nathaniel? ». Il devait certainement avoir dormi dans le même lit que June. Il s’était même certainement passé quelque chose entre eux. Mais je voulais l’entendre de sa bouche. Ca non plus, je n’étais pas sûre de savoir le lui pardonner. « Tu as vraiment une sale tête. Il va falloir que tu arranges ça pour votre mariage qui a lieu dans quelques heures. ». En fait, je lui mettais encore un peu la pression. Il devait se rendre compte qu’il ne lui restait que peu de temps avec moi. Il allait devoir prendre sa décision. Il n’en avait pas le choix! Je me dirigeais alors vers ma valise pour y prendre de quoi m’habiller pour le petit déjeuner. Il faisait déjà chaud. Je repris mon mini-short de la veille et un nouveau haut tout simple. Rien de provocant. Je n’étais pas d’humeur à avoir une remarque de ma Maman. « Je suis désolée mais je me prépare en même temps. Ca va être l’effervescence dans une trentaine de minutes. ». Puis, cela me permettait de ne pas trop réfléchir, de le regarder et de vouloir le toucher. Je ne pouvais pas le câliner maintenant ni l’embrasser. Je me l’interdisais. Il allait dire oui à ma soeur dans quelques heures.

Je parlais calmement parce que je n’avais pas le droit de m’énerver ici. Tout le monde pourrait m’entendre et Nate ne le voudrait certainement pas. Il fallait que je garde mon calme, j’étais obligée. « Et bien, elle réussit à me le faire croire, Nathaniel. Votre vie de couple semble tellement parfaite. Vous réussissez, c’est certain! ». Je gardais toujours mon calme. Si il était tellement heureux avec elle, qu’il reste avec elle. Je voulais savoir quelle était sa décision même si je savais au fond de moi qu’il allait lui dire oui. J’avais besoin de l’entendre de sa bouche. Que ce soit une confirmation. « Je ne sais pas, tu vas lui répondre quoi à June? ». Je lui avais parlé sur un ton très froid et très sec. Bien sûr que j’allais venir avec Maximillien. Il allait m’aider, je le savais. Même s’il n’était au courant de rien dans cette histoire. Le pauvre, il allait me servir de pansement l’histoire de quelques heures avant que je ne reprenne le train direction ma petite ville. Nate semblait avoir vu que j’avais pleuré. En même temps, mes yeux étaient rouges. Je ne pouvais pas le cacher. Il s’était alors levé et m’avait touché le visage, mis son front contre le mien. Je ne devais pas perdre les pédales. Il fallait que je garde mon calme, que je ne cherche pas à avoir un contact avec lui. « Non, je n’ai pas pleuré. Qu’est-ce ce qui te fait dire ça? ». Je ne voulais pas qu’il me choisisse par pitié. S’il le faisait, ça devait être par amour et pour rien d’autre. Je l’avais doucement repoussé. Je ne voulais pas être méchante mais le savoir près de moi me faisait plus de mal qu’autre chose. Je n’en avais pas le droit et je n’en aurai plus jamais le droit. Alors, pourquoi continuer? « Bien sûr que je t’ai défendu. Tu voulais qu’il pense qu’il y a quelque chose entre nous? ». Même si je parlais calmement, on pouvait discerner dans ma voix de l’énervement. Je me contenais énormément. Mais je savais qu’une fois la porte claquée, il me faudrait un peu de musique pour reprendre mes esprits et me recentrer sur moi-même. Retourner dans ma carapace pour me protéger. C’est déjà ce que j’essayais de faire pour le moment. « Tu as dormi dans le même lit que June? ». Il fallait que je le sache. Je ne lâcherais pas le morceau. Il ne semblait pas content que j’aie passé la nuit avec Max mais lui pouvait la passer avec June et coucher avec elle? Comment pouvais-je l’accepter? Bon, elle deviendrait sa femme officiellement d’ici quelques heures mais quand même. Je suis certaine que cela influençait sa décision. A cet instant précis, je ne savais même plus ce que je faisais ici. Nate me faisait des compliments. « Tu n’as pas besoin de me le dire, tu sais. A quoi ça sert? ». A me faire souffrir? Je n’avais pas besoin de l’entendre de sa bouche. Je ne voulais plus l’entendre non plus. « Garde tes compliments, s’il te plait. ». Je bus une gorgée de mon café. Il était encore chaud et cela me faisait du bien. Je me dirigeais vers la chaine hifi de ma chambre. Tant pis, il fallait vraiment que j’écoute quelque chose. J’en avais besoin, sinon je partirai en cacahuète. Je me foutais de savoir que certains dormaient encore. Je pensais égoïstement. Je pris un de mes CD. Je n’avais pas de smartphone, impossible donc de mettre de la musique d’internet. J’avais un vieux CD de Simon & Garfunkel. « Sound of silence » retentissait dans la pièce. Je la connaissais par coeur. J’aimais l’écouter avec Liam quand il était encore en vie. Oh, ce n’était pas ce dont j’avais besoin pour retrouver le sourire. Mais je pense que je ne voulais pas le retrouver. La musique allait un peu fort mais nous pouvions toujours discuter. Nate avait pris ma main, je m’en détachais. Je refusais qu’il me touche. « Et ça me sert à quoi? A me rendre encore plus malheureuse? Donc, je vais tout faire pour l’oublier! Ce sera mieux, pour moi et pour toi. Pour tout le monde. Pour June aussi. ». J’avais tourné les talons. J’enfilais mon sous-vêtement du bas. J’avais opté pour quelque chose de sexy. Je n’étais pas son choix? Tant pis. Je n’allais pas m’empêcher de vivre pour ça.

Il n’était pas malheureux avec June. Cela voulait tout dire. Il allait lui dire oui. A cet instant précis, j’en étais sûre. J’essayais de m’imaginer ce moment-là pour m’y préparer. Je ressentais les émotions que je pourrai ressentir. Ce serait plus simple, j’arriverai mieux à me contrôler. Le tout, c’était toujours de s’y préparer. « Tu as vu comme elle est pendue à ton cou tout le temps? C’est ça, tu ne vois pas votre couple de l’extérieur. Il n’y a aucune façade, Nathaniel. Elle te rend heureux. Et bien, continuez. Ce n’est pas comme si je pouvais y faire quelque chose de toute façon, si? ». Je parlais toujours aussi calmement. Je veillais à ne pas transmettre de sentiment. C’était mieux comme cela. Je parlais platement. Je disais les choses parce qu’elles devaient être dites. Quelqu’un devait le lui dire. Et apparemment, ça devait être moi… « Donc, tu vas lui dire oui. Je vais alors emmener Maximillien avec moi. Ca atténuera la douleur au moins. ». Je bougeais dans tous les sens. Je ne savais pas rester en place. Cela m’empêchait de le regarder, d’être attirée par lui. Plus Nate parlait plus je me rendais compte que son choix était fait. Il ne savait sûrement pas comment me le dire. Mais moi, j’avais besoin qu’il soit clair, qu’il me dise ce qui m’attendait. Et dire que je devais leur apporter les alliances… « J’ai compris, ta décision est prise. C’est June. Et bien, je vous souhaite une belle vie à tous les deux. ». Ancre bien mon visage dans ton cerveau parce que tu ne me verras plus, plus jamais. Je serai incapable de revenir après cette histoire. Il allait me falloir du temps pour me reconstruire. En 48 heures, mes émotions avaient joué aux montagnes russes. Et ça suffisait. Il me fallait du temps. Je savais que l’alcool et la nourriture allait m’aider. Mon travail aussi. L’hôpital me sauvait toujours. « Et ça change quoi que tu le saches? ». J’avalais ma salive. « Rien, nous sommes d’accord. ». Comme si son choix allait changer parce que j’avais pleuré. Laissez-moi rire. « Préoccupe-toi plutôt de ta femme. Elle doit être en panique à cette heure-ci. Imagine que les fleurs ne soient pas de la bonne couleur? ». J’avais dit cela de façon ironique. Il préférait quelqu’un de matérialiste et de centrée sur elle-même. Et bien, qu’il aille s’en préoccuper. Je me dirigeais alors vers la porte pour lui indiquer le chemin. « Tu ne veux pas y aller? ». Je le provoquais mais c’était plus fort que moi. J’en avais besoin. Je ne voulais plus le voir. Je voulais avoir le temps de me mettre en mode automatique comme je savais si bien le faire. J’avais appris à le faire fonctionner le lendemain du décès de Liam. Je n’en avais pas eu le choix. J’avais du assumer ma garde. Je n’avais donc pas le temps de pleurer mon défunt mari. Depuis, j’utilisais ce mode tous les jours. Ce ne serait qu’un jour de plus. Alors que je me sentais tellement bien en la présence de Nate, je pouvais être moi-même. « Tu ne réponds pas à ma question, Nathaniel. Tu voulais qu’il pense ça? ». Je n’aimais pas que l’on évite mes questions. J’avais des patients qui étaient des professionnels. Mais j’avais assez d’ancienneté que pour savoir comment m’y prendre pour obtenir ce que je voulais. Et je ne lâcherai pas le morceau. Il ne faut pas exagérer. « Et non, il ne pensait pas ça. Il ne comprenait juste pas ton comportement… ». Je me tus. Il devait se douter qu’il avait été trop loin. Beaucoup trop loin. Il avait fait de même avec ma question de savoir s’il avait passé la nuit avec June. Il ne comprenait pas l’importance que cela avait pour moi. Savoir qu’il s’était consolé dans mes bras me mettait hors de moi. Donc, quand il n’allait pas bien, il allait voir June? Est-ce que c’était un comportement à adopter alors qu’il disait m’aimer? C’était totalement différent pour moi. J’avais été rejoindre Maximillien parce que je savais qu’il allait choisir June. Qu’il me laisserait là. Nate était censé faire un choix en connaissance de cause, sans être influencé. « Ca change tout. Dis-moi si vous avez dormi ensemble. Je veux te l’entendre dire. Et vous n’avez fait que dormir? ». J’avais monté un peu le ton mais pas trop fort pour pas que l’on nous entende. Mais je voulais qu’il voie que j’avais le dessus, que je voulais savoir à tout prix. Même si sa réponse allait me faire mal. « Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi. Tu as été loin, trop loin. Tes paroles ont été blessantes. ». Je prenais sur moi, m’affairant toujours dans ma chambre. Je remettais des choses dans ma valise. Ca irait plus vite pour partir tout à l’heure comme cela. Je prévoyais, cela me rassurait énormément. J’avais mis la musique, pour me concentrer sur autre chose. Oublier quelques instants ce qu’il se passait : me faire larguer par un homme. Ce n’était jamais très réjouissant. « Crois ce que tu veux. ». J’avais maintenant mes sous-vêtements. Pour le petit déjeuner, je n’allais pas la jouer provocatrice. A quoi bon? J’allais enfiler un jeans et un petit top à bretelles. Pas de décolleté prévu. Je n’avais plus besoin de me battre. Alors, pourquoi faire des efforts dans les vêtements? « Oui, je vais tout faire. Et je sais que je vais y arriver. ». Mon passé faisait que je savais que j’en étais capable. J’allais surmonter cela. « Tu étais très fier de le dire hier soir. Ca ne sert à rien de revenir sur tes mots. C’est trop tard, tu l’as dit. ». Je continuais à m’affairer dans ma chambre, m’empêchant de croiser son regard. « Je ne te regarderai pas, Nathaniel. Tu peux quitter la chambre, on se voit au petit déjeuner dans dix minutes. ». Je lui indiquais la porte alors que j’enfilais mon pantalon. J’avais vraiment besoin de ce moment. Encore plus après cette conversation.

Le début de sa phrase me faisait énormément de bien. Il était heureux avec moi et uniquement avec moi. Mais pourquoi faisait-il croire autre chose alors? Je ne comprenais pas. Puis, il y avait eu la deuxième partie de la phrase. Celle que j’aurai préféré ne pas entendre. Comment quelqu’un pouvait faire quelque chose délibérément pour se rendre malheureux? « La vie est courte, Nathaniel. Très courte. ». Je le disais en pensant à Liam. Il avait même pas trente ans quand il était mort en héros à la guerre. « Mais si tu préfères rendre June heureuse, fais-le. C’est ton choix. ». Pas le mien… Il choisissait la facilité. Il avait trop peur de la blesser. Qu’est-ce que je pouvais faire moi? Sincèrement, plus rien. Attendre qu’il lui dise oui et partir. Rentrer chez moi et reprendre ma vie comme si rien de tout cela ne s’était passé. Facile à dire mais certainement pas facile à faire. Loin de là! « Je suis certaine que tu vas dire oui. ». J’étais toujours aussi calme, je ne faisais passer aucun sentiment. J’avais cette discussion uniquement parce qu’elle devait avoir lieu, sinon, je m’en passerai largement! « Que l’on soit bien d’accord, toi et moi. A partir du moment où tu lui as dit oui, je quitte cette ville. Pour toujours. Tu ne me verras plus. Plus jamais. ». Comment ça, il n’avait pas encore choisi? En acceptant d’être marié à ma soeur, son choix était fait. Il ne comptait quand même pas l’abandonner devant l’autel? Devant les deux cent personnes qui étaient venues voir leur union? Mais qu’attendait-il alors? J’étais perdue, complètement perdue mais je m’obligeais à garder cette carapace. Je devais me protéger un maximum. « Tu ne pourras pas me protéger. Et tu ne pourras bientôt plus m’aimer. Alors, laisse-moi gérer. « . J’allais devoir prendre soin de moi-même. Comme je l’avais toujours fait d’ailleurs. J’aimais assez bien l’auto destruction. Mais il n’était pas au courant. Il pourrait prendre peur. J’allais m’en sortir. Il le fallait. « Et je m’inquiète pour quoi, moi? Je ne m’inquiète plus. Je sais quel est ton choix. Ca va aller. Je vais y survivre. Ne t’inquiète pas. ». J’essayais de le rassurer en ironisant le tout. J’espérais qu’il comprenne. « Tu vis dans un rêve Nathaniel. Je ne te dirai pas tout cela. C’est impossible. J’aurai pu te le dire hier matin lorsque je ne savais rien de tout ça. Mais plus maintenant, c’est trop tard. ». Il allait se marier dans quatre heures. C’était peu de temps. Et lui, il me faisait une déclaration d’amour. Je n’avais tellement pas envie d’être à la place de June. Si elle savait ce qu’il se passait, elle ferait des bonds… Je l’avais écouté lorsqu’il m’avait parlé de Max. Même si je bougeais dans tous les sens, je l’écoutais. Je n’en avais pas le choix. « Il n’y a plus de si. Arrête de me faire espérer, s’il te plaît. ». Il ne pouvait pas jouer comme cela avec mes sentiments. Il n’en avait pas le droit. C’était non. C’est tout. Il n’y avait pas de si qui devait entrer en jeu. On devait s’arrêter là. Notre histoire n’allait pas avoir de suite. Nous ne saurions jamais si cela aurait fonctionné. Peut-être que notre histoire ne fonctionnerait pas. Qu’il ne supporterait pas mon indépendance et moi le fait qu’il ait beaucoup trop de sous. C’était une possibilité aussi. Avec June, il savait à quoi s’attendre, comment elle fonctionnait. Il lui suffisait de lui acheter des cadeaux pour perte tranquille. Avec moi, c’était plus compliqué. Beaucoup plus compliqué. « Non, ce n’était pas possible. Parce que tu ne trompes pas ta femme la veille de ton mariage. Et vous avez couché ensemble? Ou c’était juste pour être rassuré que tu as fait ça? ». Je ne relevais pas ce qu’il venait de dire me concernant. J’avais mis mes émotions de côté. J’avais réussi à mettre le mode automatique. Il me suffisait maintenant de le faire fonctionner. Et ça, ce n’était pas le plus dur. J’allais y arriver. « Ca ne sert plus à rien de me le dire. C’est trop tard. ». Pourquoi tenait-il tant à s’excuser? Ca ne changerait plus rien pour moi. J’avais décidé de prendre mes distances, de me détacher de cette situation. Je me foutais de ce que je pouvais ressentir à cet instant présent. Je règlerai ce soucis, plus tard. Quand je serai seule, que je pourrai faire tout ce dont j’ai envie. Pas maintenant. « Je ne te fais pas de mal. Je prends soin de moi. Je veux pouvoir me relever tout à l’heure et ne pas pleurer de tristesse devant tout le monde. ». Zut, Jaylinn! Tu as mis un peu trop de sentiments là. Nate m’avait donné un ordre, il voulait que je le regarde dans les yeux. Et ça, ce n’était vraiment pas une bonne idée. Avant même que je ne réponde, j’entendis la douce voix de ma mère. « Jaylinn, tu viens déjeuner? Il est 7 heures! ». Mes parents étaient très ponctuels. J’enfilais rapidement mon jeans et mon top à bretelles. Je regardais quelques secondes Nate. « Que la journée commence! ». Je me dirigeais vers la porte pour pouvoir descendre les escaliers le plus rapidement possible.

Est-ce que June était amoureuse de Nate? Il me posait réellement cette question? C’était un piège? Je devais lui répondre quoi moi, à ça? La vérité, sûrement la vérité. « Je ne connais plus June depuis dix sept ans. Mais, la connaissant, elle est plus là par intérêt que par amour. Elle doit certainement éprouver des sentiments pour toi. Comme toi tu en as pour elle. ». C’était impossible autrement. Il devait l’aimer au fond de lui. On ne se marie pas à quelqu’un que l’on aime pas. « Je ne pense pas qu’elle soit amoureuse comme moi je… ». Je ne terminais pas ma phrase. Je ne le devais pas. Je ne savais déjà pas si je devais utiliser le passé ou le présent. C’était une réelle question que je me posais. J’avais donc préféré ne pas aller plus loin. Ce serait plus simple. Là, j’avais droit à la facilité. La situation me le permettait. Nate m’avait alors expliqué les deux choix qui s’offraient à lui. Il semblait y avoir déjà bien réfléchi. Je parlais toujours sur un ton monotone, sans sentiment. « Le plus simple, c’est donc que tu lui dises oui. Comme tu l’as décidé. Je ne ferai pas de scène. Ne t’inquiète pas. Tout sera concentré sur vous deux. ». Autant que les apparences soient sauvées et que personne ne se doute de rien. Tant qu’à faire. Autant que leur mariage soit parfait! Il avait donc couché avec June cette nuit. Je n’avais plus aucune chance. C’est comme si on me plantait une lame de couteau. J’avais mal, très mal. Mais je ne pouvais pas exploser. Je n’en avais pas le droit. Je ne pouvais pas pleurer non plus. Les larmes me montaient aux yeux mais je les frottais d’un geste de mon avant bras. Ce n’était pas le moment. Je devais rester forte. Ce soir. Je me promis de craquer ce soir. Je devais juste tenir la journée. Rien de plus. Ce n’était pas grand chose la journée, si? « Tu as raison, ça ne change rien. Tu coucheras avec elle le reste de ta vie de toute façon. ». Je ne l’avais pas regardé en disant cela, je m’étais forcée à faire quelque chose dos à lui pour qu’il ne voie pas mon visage. Parce que sur cette phrase-là, je ne savais rien cacher. J’avalais ma salive et me retournais pour continuer à faire ce dont j’avais à faire. Il ne pouvait rien voir de mes émotions, je savais très bien jouer la comédie. J’y étais habituée. Faire croire que tout allait bien. C’était facile!
Ma maman m’avait appelée pour prendre le petit déjeuner. Comme vous vous en doutez, je n’avais pas faim. Je ne pourrai rien avaler. Ni maintenant ni pendant la journée. Il fallait que je trouve une astuce si quelqu’un me faisait une réflexion. « Jaylinn, qu’est-ce que je te sers? ». Je regardais alors ma maman, j’étais dans mes pensées. Tellement pas dans l’instant présent. « Je vais commencer par un café, c’est gentil. ». Il m’en fallait un deuxième. Même si Nate m’en avait apporté un. Je devais prendre de l’énergie. Sinon, je ne tiendrai jamais cette journée. Je n’avais pas mangé depuis l’avant veille. Il allait falloir que j’engloutisse quelque chose. Il ne faudrait pas que je fasse un malaise en plein mariage, June pourrait m’en vouloir… Quelques minutes après, Nate était descendu. Je ne le regardais pas. Je ne répondais d’ailleurs pas à son bonjour. Le plus simple était de faire comme si il n’existait pas. June faisait déjà une crise. Apparemment, il n’y avait pas de sonorisation prévue. Je pouvais comprendre qu’elle en était attristée. Mais elle était à des années lumières de ce qu’il se passait. Elle ne se rendait compte de rien. Nate jouait bien la comédie même très bien. Il pourrait avoir un prix aux oscars tellement il était bon. J’assistais à la scène. Mais je ne réagissais à rien. Mon corps était présent mais mon esprit était ailleurs. J’avais perdu ma joie de vivre. Je ne provoquais pas Nate. J’étais tellement différente de la veille. « Tu vas bien, Jaylinn? Ca n’a pas l’air d’aller. ». Ma Maman mettait les pieds dans le plat. Je ne pouvais pas dire la vérité. Il fallait que je trouve une astuce. « Oui, Maman. Ne t’inquiète pas. J’ai un patient qui a besoin de moi. Je devrai peut-être partir dans la journée. ». Autant préparer le terrain, non? Je pourrai quitter plus facilement tout à l’heure comme cela. « Oh, j’espère qu’il n’y a rien de grave. Un autre médecin ne peut pas s’en occuper? ». Je me concentrais pour écouter chacun de ses mots. Cela me demandait vraiment un effort. « C’est plus compliqué que ça. Il ne veut être soigné que par moi. ». Quelqu’un était alors venu chercher ma maman pour des détails. Elle ne sut donc pas me répondre. Et cela m’allait parfaitement bien. Je m’éteignais à nouveau. Subissant ce petit déjeuner et cette scène. J’avais entendu mon prénom sortir de la bouche de June. Je ne savais pas ce qu’elle m’avait demandé. Mais avec elle, la bonne réponse, c’était toujours oui. « Oui, June. ». Je n’ajoutais rien. Je voulais fuir cette salle à manger le plus rapidement possible. Pourquoi rester là? « Oui, bien sûr! ». Le oui, c’est tout ce que je devais dire. Je les regardais alors tous les deux. Ma maman était revenue. Elle expliquait rapidement à June quel avait été le problème mais elle semblait contente de l’avoir résolu seule. « Jaylinn, tu dois aller voir la coiffeuse. Elle est dans la véranda. Demande-lui ce que tu veux. Mais je pense qu’un chignon t’ira parfaitement bien. ». Je me levais alors de table. Je ne me sentais pas très bien. Il me fallait de l’énergie pour tenir le coup. « Attend, tu ne manges rien? ». Ah oui, manger. Ce n’était pas du tout ma préoccupation du moment. Je pris alors une pomme dans le plat de fruits. « Je mangerai ça pendant que la coiffeuse s’occupera de moi. ». Je quittais alors la pièce en croquant une fois dedans. Uniquement pour donner le change. Je ne comptais pas manger le reste, qu’on s’entende. J’avais d’ailleurs trouvé une poubelle sur le chemin pour l’y mettre dedans.

Il n’avait sérieusement aucun sentiment pour June? Comment était-ce possible? Avoir du sexe sans sentiment, oui. Pourquoi pas. Ça m’arrivait souvent. Mais c’était tellement différent quand c’était entre deux personnes qui s’aiment. Puis, vivre avec quelqu’un qui ne vous aime pas, qu’est-ce que cela apportait? C’était juste pour l’image. Il accordait tant d’importance à l’image alors? Comment je pouvais lui dire que j’avais envie qu’il dise oui? Qui pourrait dire ça dans une pareille situation? Je rêvais qu’il dise non et qu’il vienne auprès de moi. Qu’il montre à tout le monde que c’était moi qu’il avait choisie : le vilain petit canard. Que j’étais son choix, celle qui le rendait heureuse. C’était beau de rêver, non? « Tu me poses vraiment cette question? Tu penses que j’ai envie que tu dises oui? ». Je ne lui répondais pas clairement parce que je ne voulais pas influencer son choix. Il pourrait m’en vouloir plus tard. C’était son choix, c’était à lui de décider. Pas à moi. Je n’avais plus les cartes en main. Est-ce que je les avais eues d’ailleurs? Je m’étais tournée après pour ne pas qu’il me voie réagir, parce que je savais que j’allais verser des larmes. Cela me permettait simplement de ne pas le lui montrer. J’étais une femme forte. « Je ne pleure pas. ». Je lui mentais délibérément alors que je détestais ça. Mais là, je n’en avais pas le choix. Je ne voulais pas qu’il me choisisse par pitié. Ce n’était pas mon style. Après, j’avais eu son accord pour inviter Maximillien. Il l’avait appelé par son prénom. C’était étonnant, très étonnant. Il abandonnait. Sa décision était prise et ce n’était pas moi. Mon coeur battait très vite mais je m’efforçais à garder la tête haute, à ne pas flancher. Je le devais. « Je l’ai déjà fait, il arrive vers dix heures. ». Autant ne pas le lui cacher. Je m’étais protégée. Je l’avais invité hier soir en rentrant à l’hôtel. J’avais prévu le coup, je ne voulais pas le prévenir en dernière minute. Je parlais toujours sur ce même ton monotone, sans aucun sentiment.
Je m’étais dirigée vers la coiffeuse, ma pomme à la main. J’avais pris soin de croquer une fois dedans devant eux histoire de donner le change. Mais je l’avais jetée dans la première poubelle que j’avais trouvée. Je n’avais pas cherché à la cacher d’ailleurs. Personne ne me suivait à la trace. Et il y avait tellement de monde dans la maison de mes parents que cela pourrait appartenir à n’importe qui. Je ne m’en faisais donc pas. Je sentis alors quelqu’un m’attraper le bras. Je savais que c’était lui. Cette façon si douce de me retenir, ce n’était certainement pas June. Je n’avais pas, voire plus, envie de me retrouver seule avec lui. C’était beaucoup trop dur pour moi. Il m’avait alors emmenée vers la cuisine, demandant à Becka de nous laisser seul. C’était une blague? Comment pouvait-il faire cela? N’importe qui pouvait passer par ici à n’importe quel moment. J’avais extrêmement peur à cet instant. Il m’avait tournée vers lui. Il voulait que je l’écoute. Je ne dis rien, me concentrant sur chacun des mots qui sortaient de sa bouche. Il mettait clairement un terme à notre relation. Il n’y avait rien de plus clair. Je gardais mon calme et rangeais mes émotions. Mode automatique, Jaylinn. Puis, il m’avait surprise. Nate m’avait embrassé. Je l’avais laissé faire. Puis, je m’étais éloignée de lui. « Qu’est-ce que tu fais? Tu me dis l’intérêt que ça a? Tu me dis que toi et moi, ce ne sera pas possible. Puis, tu me fais ça? Tu veux que je réagisse comment? ». Je parlais sur le ton monotone mais on pouvait entendre dans le son de ma voix que j’étais en colère. Vraiment en colère. Je me détachais de lui. Et lui, il m’embrassait. Quelques secondes plus tard, June avait débarqué. Elle me cherchait. « Jaylinn, la coiffeuse t’attend! Dépêche-toi! ». Je regardais alors Nate quelques secondes. « D’ailleurs, vous faites quoi ici tous les deux? ». Pour Nate, je devais trouver une excuse. « J’avais pensé à une surprise pour toi. Je voulais juste l'avis de ton futur mari. ». Je lui avais alors souri. Mais c’était clairement un sourire forcé. Je n’avais pas envie de le faire. Je devais sauver leur mariage. Je n’en avais pas le choix. « Je vais chez la coiffeuse maintenant. ». Nate devait tellement être préoccupé par moi qu’il ne devait pas avoir remarqué que je n’avais plus ma pomme. Il était clairement impossible de la manger si vite. Mais nous avions tous les deux d’autres chats à fouetter. « Je te vois tantôt, Junie. Je t’aiderai à enfiler ta robe. ». C’était une étape importante en ce jour. Je devais continuer à faire bonne figure. J’allais avoir une trentaine de minutes pour me préparer psychologiquement, à passer au-dessus de tout ça. Ca allait le faire. J’avais tourné les talons et je m’étais dirigée vers la verrière. Je m’installais sur le siège.

J’étais là, assise sur la chaise. « Que voulez-vous Mademoiselle Anderson? ». J’avais répondu un peu trop rapidement sur la défensive. « C’est Madame Anderson! ». Oui, j’étais mariée. Veuve mais mariée. Et là, j’aurai tout donné pour que Liam soit à mes côtés. Il aurait trouvé les bons mots. Il m’aurait rassurée. Je le savais. Mais non, j’étais seule. Comme à mon habitude. J’étais toujours seule. Est-ce qu’un jour, je pourrai refaire ma vie avec quelqu’un? J’en doutais. Maximillien, c’est triste à dire, mais c’était juste pour passer le temps. Pour éviter de trop souffrir aujourd’hui. Je comptais quand même repartir dans la journée. Le pauvre, il ne le savait même pas qu’il allait se retrouver ici sans ma présence. Il connaîtrait sûrement plus de gens que moi de toute façon. J’étais juste là pour faire de la figuration. Rien de plus. C’est ce qu’on attendait de moi. « Donc, Madame Anderson, que voulez-vous? ». La coiffeuse semblait aussi avoir son caractère. Mais je ne lui en tenais pas rigueur. Vu comment je lui avais parlé. Je reprenais alors ma voix douce. « Faites ce dont vous avez envie. Il faut juste que ce soit simple et que je puisse l’enlever rapidement. ». Nate était arrivé. Je ne sais pas s’il avait entendu la conversation. Je n’espérais pas vraiment parce que je n’avais pas envie de lui parler de Liam. Pas maintenant. Je n’étais pas en état. J’avais demandé quelque chose que l’on puisse enlever rapidement parce que je ne comptais pas rester ici. Je rentrerai chez moi après la cérémonie. J’avais déjà regardé quels étaient les trains disponibles. La cérémonie était à 11 heures. Elle allait durer une heure. J’avais un train à 12h30. Je serai donc rentrée pour 16h30. Parfait! Je pourrai même aller faire une garde ce soir. Je n’étais pas encore entrée en contact avec mes collègues. Au fond de moi, j’espérais que je ne doive pas rentrer, que Nate me choisisse. Mais je savais très bien que cela ne se passerait pas. Je ne devais pas espérer, cela me ferait encore plus de mal. « Ca ne sert à rien, Nathaniel. Je serai toujours fâchée sur toi. Je te conseille de réfléchir avant de me parler. ». J’avais repris le même ton monotone. La coiffeuse semblait gênée de ce qu’il se passait. « Vous voulez que je parte pour vous laisser tous les deux? ». Je la regardais par le miroir qui était face à moi. « Non, restez. Ne vous inquiétez pas. Nathaniel est le marié du jour. Il va devoir y aller pour enfiler son costume, se raser, … Enfin, se faire tout beau pour ma soeur quoi! ». Je lui avais souri. Nate devait savoir que j’avais raison. Mais je redevenais froide lorsqu’il me parlait. C’est comme cela qu’il tentait le sujet des repas. Non, mais pour qui il se prenait, sérieusement? « Depuis hier midi. ». Je ne voulais pas lui mentir. Je détestais cela. Mais j’allais devoir le faire, un peu. La nourriture et l’alcool, c’était les deux choses sur lesquelles j’étais douée pour mentir. Il n’y verrait que du feu. Il semblait vraiment inquiet pour moi. C’était mignon et attendrissant mais je ne pouvais pas le laisser avoir ce rôle-là. Il n’en avait pas le droit. Je n’étais plus rien pour lui. « Ne t’inquiète pas pour mes repas. Je suis pas très bien ce matin. Et quand c’est comme ça, je n’ai pas faim. ». J’utilisais toujours le même ton quand je lui adressais la parole. Il devait comprendre que je prenais mes distances. « Je suis médecin, moi. Et je sais que je ne ferai pas de malaise. Je me connais. ». Je ne le regardais pas. Même pas par le miroir. Je n’en avais pas envie. « Je ne vais pas gâcher votre mariage. Ne t’inquiète pas. Tu peux te préparer tranquillement. ». J’observais alors ce que la coiffeuse me faisait dans les cheveux. « J’aime beaucoup quand j’ai de belles boucles aussi! ». Je lui avais souri. J’étais complètement différente avec elle que je ne l’étais avec Nate. Il devait voir cette différence.
Ma soeur portait sa belle robe de princesse. Nous étions tous installés dehors. Je n’étais pas au premier rang parce que je n’étais ni sa témoin ni une de ses demoiselles d’honneur. J’étais juste sa soeur. Et c’était déjà bien, non? Nate avait fait son apparition, marchant l’allée au bras de sa mère. Je savais qu’il allait me regarder. J’avais choisi cet instant précis pour attraper la main de Maximillien. J’avais besoin de sentir que quelqu’un était à mes côtés. J’avais beau avoir l’habitude d’être seule en tous temps. Dans des moments comme celui-ci, être accompagnée faisait énormément de bien. Mais je n’avais pas lâché Nate du regard. Cela me faisait tellement mal au coeur. S’il était arrivé là, il dirait oui. C’était trop tard. Il ne se donnerait jamais en spectacle devant deux cent personnes. C’en était impossible. Ensuite, June avait fait son entrée au bras de mon papa d’adoption. Elle était resplendissante. Une magnifique robe de princesse. Cela lui ressemblait tellement. Je la regardais marcher le long de l’allée. Je tenais toujours la main de Maximillien. Ca aurait peut-être pu être moi à ce moment-là. J’aurai pu marcher toute cette allée avec mon Papa au bras. J’étais dans mes pensées. Je me passais une chanson en boucle dans ma tête. J’étais là de corps mais pas d’esprit. Nous avions pu nous asseoir. June avait les larmes aux yeux. Elle devait ressentir tellement d’émotions. Assise, j’avais mis ma main sur la cuisse de Max. J’étais sur le bord de la rangée pour pouvoir aller leur donner leurs alliances facilement. Le prêtre parlait énormément. Je voulais seulement entendre le « oui » de la bouche de Nate. Le reste ne m’importait pas. Puis, vint le moment fatidique. « June Anderson, voulez-vous prendre comme époux Nathaniel Mac Millen ici présent? ». Ils se regardaient tous les deux. Ils étaient l’un en face de l’autre. Mon coeur battait vite. Très vite. C’est le seul moment que j’écoutais, où j’étais concentrée. J’avais lâché la main de Maximillien mais je l’avais reprise rapidement. « Oui! ». Bien sûr qu’elle allait répondre oui. Elle était tellement souriante à ce moment-ci. Elle semblait heureuse. Le prêtre se tournait vers Nate. « Nathaniel Mac Millen, voulez-vous prendre comme épouse June Anderson ici présente? ». Je me sentais partir. Mais je devais tenir le coup. Le stress était trop intense. Je ne me souvenais pas en avoir vécu un dans toute ma vie. Je retenais mon souffle, attendant la réponse de Nate.